Les mots...

Voici deux poèmes que Jacques m'a fait parvenir Un tout grand merci à lui

Le premier date du 2 novembre 2006.

Le monde s’obscurcit
La rive a disparu
Cette pluie de novembre
Emporte les rêves
Que dire encore ?
Comment traduire
Ce tremblement du cœur
Inattendu et interminable
Je te devine
Les joues en feu
De la fièvre dans les yeux
Et les animaux enfuis
Ô cette faim d’ailleurs
Et la peur de mourir
Mes gestes ralentis
S’échappent en nuages
Je sais ta vie
Et ce qui la traverse
Cette barque tranquille
Au marin sans visage
Ne te retourne plus
Mon corps est fatigué
Sans prière
En poussière
Je n’ai plus la force du cri

Et le second du 3 décembre dernier

Nous essayons le bonheur
Au-delà des griffures
L’escalade du mur
L’échappée dans le champ d’avoine
Ta robe soulevée rien qu’un instant
Et les fleurs
Et le souffle de l’air tiède
Et les pieds nus
D’où viennent ces musiques
Aux pentes de la montagne ?
La neige et le lac
Et ta main
C’est l’origine du monde
Qui coule en nos veines
Colore mes joues et ta bouche
Ai-je rêvé de la douceur
De la violence qui s’y mêle
Qui m’a conduit à tes pieds ?
Je suis un enfant
Et je possède la sagesse
Je veux mais je sais

À présent allongée
Tu appelles l’éternité

Vous pensez déjà à un nouveau recueil Jacques? Ou allez vous modifier un peu passage et les insérer dans vos nouvelles dates?

Pour l'instant, je ne touche pas à "Passage", qui est harmonieux et qui n'a pas encore beaucoup "tourné", donc autant pour nous sur scène que pour le public, pas encore d'urgence à renouveler... Un autre recueil ne se décide pas, c'est tout à coup un éditeur qui fait une proposition. Mais jamais je n'écris en pensant à ça, on écrit de la poésie pour se sentir bien, pour s'exprimer, pour répondre à une fulgurance intérieure, pour être, exister... et tant mieux (comme dans "les nuits sont des voiliers" ou "passage") on peut "en plus" (et quel bonheur !) tenter de partager ces émotions !

Citation :

on écrit de la poésie pour se sentir bien, pour s'exprimer, pour répondre à une fulgurance intérieure, pour être, exister...

C'est vrai que c'est un beau mode d'expression.. certains écrivent ce qu'ils ressentent, d'autres peignent leurs sentiments... merci en tout cas pour ces exclus

Toujours à la masse, surtout ces derniers temps, je viens tout juste de voir ce topic
Bon, j'admet que la poésie, c'est comme l'anglais pour moi, j'adorerai m'y retrouver comme un poisson dans l'eau, mais là ce serait plutôt le rameur qui vide sa barque avec une tasse pour ne pas couler... (De rares poèmes que j'ai aimé aussi bien pour le sentiment à l'entente que pour ce qu'ils racontaient sont Arriettes Oubliés III de Romance Sans Parole de Verlaine, et L'Albatros des Fleurs Du Mal de Baudelaire...sans compter quelques uns d'Hugo...)

Mais le fait de ne pas forcément comprendre ce que je lis ne m'empêche pas d'apprécier la poésie assez étrangement... J'aime vraiment entendre des gens lire de la poésie, et même en lire un peu de temps en temps... Je me laisse bercer par le rythme, de sorte que la fin du poème soit toujours un peu brutale... Pour moi, il n'y a pas forcément besoin de comprendre ce que cela raconte pour aimer, pour se sentir transporter (je peux écouter et réecouter Emma Thompson lire du Shakespeare (Much Ado About Nothing), et il en va de même pour Rickman (sonnet 130 de Shakespear, magnifique même si je ne comprend rien à partir du 2é vers...)... Comme si la poésie allait au delà de cela...

En tout cas j'aime beaucoup le premier, je ne saurai pas vraiment dire pourquoi, mais je m'y suis sentie bien... Je suis rentrée dedans au 4é vers et j'ai vraiment bien aimé.
Je sais, c'est stupide comme remarques, mais je n'y peux rien, je suis dans une période où j'ai bien envie de donner mes avis alors...
Donc je prend, et j'attend avec impatience de pouvoir en lire d'autres grace à l'adorable Vero ^^ Histoire de pouvoir m'immerger totallement dans un recceuil...


Allez, et je ne resiste pas à la tentation... Parce que je le trouve absolument adorable (je le met en VF, bien que la VO soit très mignone à entendre, mais elle est en anglais alors...):



C'est enfantin, mais personnellement je trouve ca tout mignon... C'est extrait du recceuil de poèmes (que j'ai adoré, lu lu et relu) La Triste Fin Du Petit Enfant Huître de.... TIM BURTON !!! (les illustrations du livre sont, comme on peut aisément s'en douter à leur vu, de lui)

Gabrielle a écrit:

Mais le fait de ne pas forcément comprendre ce que je lis ne m'empêche pas d'apprécier la poésie assez étrangement...

Tu as tout à fait raison Gabrielle. Les mots résonnent parfois comme des notes de musiques et, comme elles, c'est leur association, leur fusion qui crée la mélodie, la magie.
Il ne faut pas nécessairement savoir lire une partition pour apprécier une oeuvre musicale...

Citation :

Il ne faut pas nécessairement savoir lire une partition pour apprécier une oeuvre musicale...

Tout à fait d'accord

Je me rappellerai toujours ma prof qui me disait lors de ma prépa d'examen dans l'auditoire.. "peu importe que tu ais du stress et que tu te trompes.. reste dans ton image, et si tu fais passer l'émotion, ca passera inaperçu".

Quand elle parlait d'"image", c'est parce qu'en jouant un morceau, on imaginait une scène de film, on faisait travailler l'imagination et me transporter dans cette image n'était pas un but en soi, mais plutot essayer d'emmener le public dans cet univers... et çà marche

D'ailleurs, elle pouvait nous "disputer", lorsqu'une fois avoir déchiffré le morceau, elle ne parvenait pas à être émue, ou touchée.... La touche finale n'était pas là... et on recommencait jusqu'à ce quel voit le morceau avec un oeil nouveau. (dur dur )

Je partage l'avis d'Etienne à propos de la résonnance des mots.
Même si un texte est en japonais, italien, anglais ou autres, la force de la poésie vient - en plus de la profondeur du texte - de la rythmique des mots et de la disposition de ceux-ci qui font "chanter le Verbe".

La poésie est, finalement, de la mélodie pure mais par un instruments que l'on appelle le mot.