SYNERESE

Le mot avait été proposé par Etienne, mais ne voyant rien venir, je me permets d'ouvrir le bal des propositions pour "la synérèse"...

A l’instar de ce que sont les tagètes pour notre ami Juan d’Oultremont, il me semble, en qui me concerne, que les délégués commerciaux qui vous appelent chez vous le soir, généralement entre 20 et 22 heures, pour vous proposer des communications téléphoniques moins chères ou vous avertir que vous avez gagné un magnifique cadeau chez le vendeur de meubles au nom duquel il vous appelle, eh bien ces “empêcheurs de regarder le film du soir en paix” figurent parmi les pires fléaux de ce début de millénaire.

Ainsi, j’ai décidé de partager avec vous le fruit de mes réflexions visant a élaborer une stratégie pour venir à bout une bonne fois pour toute de ce fléau, stratégie dont le principe est de dégoûter suffisament ces délégués-dérangeurs histoire que leur espèce devienne vite en voie de disparition. Ainsi, nous aurons la paix ! Voici donc quelques exemples, issus de situations déjà expériméntées par votre humble serviteur ou de ses propres réfléxions pour de futures conversations téléphoniques.

Commençons par les classiques, abordables sans être nécessairement un pro de l’impro… Le plus simple consiste probablement à poser délicatement le cornet du téléphone, sans raccrocher, et à laisser parler votre interlocuteur dans le vide jusqu’au moment où il réalisera que vous vous êtes enfuis. Cette tactique présente toutefois un inconvénient pour vous qui ne pourrez pas goûter votre plaisir au moment où l’autre au bout du fil se rendra compte qu’il est seul en ligne, à moins que vous ne disposiez d’un haut-parleur sur votre poste téléphonique… Il existe cependant une alternative à cette première stratégie, alternative qui consiste à rester au téléphone mais à ne rien dire. Vous ne répondez que “oui”, lorsque votre interlocuteur demande s’il y a encore quelqu’un à l’autre bout du fil. S’il menace de raccrocher (et ceci est valable dans tous les autres cas développés ci-après), n’hésitez pas à lui rappeler que vous avez bien entendu et bien noté son nom et que s’il vous raccroche au nez, vous n’hésiterez pas à appeler sur le champ l’entreprise pour laquelle il vous appelait et vous dénoncerez son impolitesse inqualifiable…

Autre exemple, basé sur une expérience vécue. Mr X m’appelle un soir, au nom de Belgacom. Lui faisant remarquer que je n’appreciais guère que l’on me dérange à cette heure tardive, ne voila-t-il pas que ce bougre m’envoye le traditionnel “oui mais comprennez que j’ai aussi le droit de faire mon travail”. La réponse suivit bien évidemment : « je vous comprends, comme vous devez comprendre qu’après ma propre journée de travail, je n’ai pas envie d’être dérangé. Toutefois, afin de jouer sur le même pied d’égalité, je vous invite à me laisser votre N° de téléphone personnel afin que je puisse vous rappeler vers 23H ce soir, lorsque vous aurez fini votre travail, et nous discuterons alors de l’offre alléchante que vous vous prépariez à me faire… » 15 secondes plus tard, la conversation était terminée, sur une victoire indiscutable de l’appelé sur l’appeleur…

Autre manière de répondre, également expérimentée récemment, mais qui nécessite de se mettre en condition avant même de décrocher. Un jour, 18H, le téléphone sonne :
- Allo, Monsieur Wery ?
- Hmmm.
- Je vous appelle afin de discuter avec vous de votre facture de téléphone…
Je me dis OK, encore un commercial mais qui appelle plus tôt, n’empêche, pas de pitié. Je réponds donc :
- Agueuh…
- Je me permets effectivement de vous déranger afin de voir s’il n’y a pas moyen de vous faire économiser de l’argent sur votre facture de téléphone.
- Agueuh….
- Oui Monsieur Wery, je vous avais en effet appelé il y a quelque temps, mais j’avais cru comprendre que l’heure tardive de mon appel vous avait dérangé, raison pour laquelle je vous rappelle aujourd’hui, mais plus tôt…
Merde, le même type de Belgacom que l’autre fois. Il sait donc que je me fous de sa gueule. Finis donc les “agueuh”, pris a mon propre jeu, je suis forcé de répondre “oui”…
- Bien Mr Wery, je constate que vous n’êtes plus client Belgacom pour vos communications, vous êtes chez Mondial Telecom…
Dans de telles circonstances, la contre-attaque doit être rapide et décisive :
- Effectivement, je paye mes communications chez un autre opérateur, mais je suis toutefois client chez Belgacom pour l’ADSL et la TV numérique. J’estime que cela est déjà bien et j’en resterai donc là…
Ouf, le larbin passa illico en position défensive. A cours d’argument, il me remercia pour ma fidélité et nous nous quittâmes. A nouveau une victoire pour moi, mais elle fut rude…

Bien sur, il existe des stratégies plus simples. Vous faire passer pour sourd, et ne répondre que par “comment” ou “je ne vous entends pas”, tout en hurlant dans le téléphone afin de rendre votre interlocuteur réellement sourd. Vous pouvez également, pendant la conversation, appuyer sur les touches de votre téléphone tout en faisant remarquer à votre interlocuteur que ce bruit commence à vous agacer, et qu’il ferait bien de résoudre le problème car ce n’est pas comme cela qui réussira a vous vendre quelque chose.

Vous me direz, ces gens-là ne font pas un métier facile. Pour les plus compréhensifs d’entre vous, tout en ne cédant pas à ses arguments marketing, il vous est toutefois possible de marquer votre sympathie à ce pauvre type qui finalement, fait un job ingras. Libre à vous, alors, de lui expliquer calmement que vous n’êtes pas intéressé par ce qu’il vous propose, mais que vous comprennez la difficulté de son travail, que cela ne doit pas être drôle de se faire raccrocher au nez sans arrêt ou traiter d’emmerdeur dans 98% des appels, et d’embrayer, afin que cette conversation se termine sur un sourire, par une petite blague, comme celle des deux oeufs qui se font cuire dur dans une casserole d’eau bouillante, le premier s’étonnant auprès du second: mon dieu, tu ne trouves pas qu’il faut chaud ici. Et l’autre de répondre, effrayé : ah, un oeuf qui parle ! Ce petit trait d’humour accompagnera sans aucun doute votre sympathique interlocuteur tout au long de sa longue soirée d’engueulade et de raccrochage de téléphone au nez, et l’aidera, j’en suis sûr, à mieux vivre cette épreuve difficile. Je vous ferai cependant remarqué que ce n’est pas en étant sympathique avec ces gens-là qu’on les fera disparaitre…

Enfin, pour ceux qui sont sans pitié et qui estiment que l’on peut se servir de tout pour arriver à ses fins, je vous conseille, après que votre compagnon à l’autre bout du fil ait terminé son exposé vantant je ne sais quel meuble ou operéteur Téléphone ou internet, de lui expliquer avec de la lourdeur dans la voix que vous êtes au bout du rouleau. Votre vie se casse la gueule, votre conjoint(e) vous a quitté pour votre meilleur ami, vous avez perdu votre travail, il y a 2 mois, et vous ne pouvez plus faire face. Vous n’êtes bien sûr pas intéressé par ce qu’il vous propose, plus rien ne vous intéresse de toute facon. Vous avez juste besoin de quelqu’un à qui parler, sinon, vous pourriez faire une bêtise : "Oh non, ne raccrochez pas, votre voix me fait du bien. Parlez-moi de vous… Non, je ne veux pas appeler SOS suicide, ce sont des cons, j’ai déjà essayer. J’ai besoin de parler à un inconnu, qui ne pourra pas me juger, etc, etc..." Cela peut durer tant que vous êtes inspiré. Quand vous en avez assez et que cela a assez duré, n’oubliez quand même pas de terminer en annonçant bien fort qu’il s’agissait là d’une “bonne blague !”, puis de raccrocher sans vous excuser…Les plus cruels d’entre vous, pour peu qu’ils disposent de l’équipement à proximité, peuvent remplacer cette dernière étape par l’explosion d’un pétard, afin de faire croire à votre pauvre interlocuteur qu’il n’a pas pu trouver les mots pour vous sauver et que vous vous êtes tiré une balle… Nous retombons alors dans le premier cas de figure par lequel j’avais commencé : votre interlocuteur se retrouve seul en ligne, mais cette fois, dans un état psychologique tel qu’il devrait demander sa démission dans l’heure qui suit…

Voila. La synérèse, c’est un canulard télephonique inversé où c’est celui qui est appelé qui fait une petite blaguounette à celui qui appelle… Mais par un glissement sémantique très intéressant, la synérèse désigne également un texte écrit en hommage à Monsieur Gilles Dal…

Définition d'Etienne composée pour Anne Lise

La synérèse est la partie inférieure située à l'arrière de la tête du cubitus, formant la saillie du coude

La synérèse.

Comme dirait JJJ, c’est bien sûr l’éthymologie qui va nous mettre sur la piste du sens de ce mot.

Dans synérèse, on retrouve le préfixe syn-, qui vient du grec "sun" et qui veut dire "avec, ensemble" et
la terminaison –érèse, qui vient également du grec, du verbe "airein" et qui signifie "enlever, que l’on peut prendre".

Littéralement, la synérèse, c’est donc le fait de prendre avec, d’associer.

En parfumerie, c’est le nom que porte la 1ère étape du processus de fabrication d’un parfum, étape qui consiste à réaliser toute une série d’associations d’essences diverses, naturelles ou synthétiques, dans différentes proportions, jusqu’à l’obtention d’un mélange à l’odeur agréable qui constituera la formule du nouveau produit.

Mais pas du tout.
Le synérèse, nom féminin, du latin synoeresis qui signifie "rapprochement".
En phonétique, c'est la prononciation groupant en une seule syllabe deux voyelles contigües d'un même mot. Par exemple : violon, que l'on peut prononcer [violon] ou [vyiolon].
En chimie, c'est aussi l'agrégation spontanée des particules d'un gel (puisqu'on vous le dit...)